Samedi 29 janvier 2011
Conférence sur le Maquis de Ranzey
L’évènement
Succès exceptionnel pour la conférence sur le Maquis de Ranzey, un beau travail de mémoire de proximité proposé par le cercle d’histoire du foyer rural de Laneuvelotte à l’initiative de son vice-président Vincent de Miscault, le fils du fondateur du mythique groupe de Résistance. 200 personnes ont pu assister à cette conférence. Beaucoup n’ont pas pu entrer dans la petite salle communale. On a rajouté des bancs et une partie du public a tenu à rester debout dans le couloir et dans l’entrée. Au mur, le tableau « Le Serment » peint en 1944 par Marcel Isay, ancien maquisard, et prêté par la commune de Sornéville ainsi que des affiches datant de la période de l’Occupation et des drapeaux. Dès les premiers mots d’accueil prononcés par le président du foyer rural Alain Diaquin dans un silence total, l’émotion était palpable. “Nous devons rendre cet hommage à ceux qui au péril de leur vie alors qu’ils étaient en pleine jeunesse se sont battus pour la liberté. Presque tous les villages du Grand Couronné ont vu des patriotes rejoindre ce groupe de maquisards, représentant ainsi la plus belle des intercommunalités, celle qui s’appuyait sur les valeurs humaines du courage, de l’abnégation, de la solidarité et de l’amour de la patrie”. C’est ensuite avec une voix forte, sans micro, debout lui aussi et sans vaciller, que Fernand Nédélec, l’ancien résistant-maquisard, âgé de presque 87 ans, a retracé cette page d’histoire en présence de Michel Lefort, président de l’association du Maquis de Ranzey et trois des derniers maquisards Pierre Bourcy, Jean Canin et Charles Galbourdin, mais aussi Bertrand de Préval dont le père Pierre a fédéré les maquis de Meurthe et Moselle, des représentants du groupe de résistance Lorraine 42, des associations d’anciens combattants, porte-drapeaux, Souvenir Français, des passionnés d’histoire locale et tout ceux dont les familles portent encore les cicatrices de ces moments douloureux….
Le Maquis de Ranzey dépendait du secteur de Moncel et avait pour mission de harceler les troupes allemandes en retraite sur l’axe Nancy-Château-Salins-Morhange. Organisateur émérite, le docteur Henri de Miscault qui habitait alors au château du Tremblois à Laneuvelotte recrute dès 1942 des hommes sûrs. En 1943, mis en relation avec le mouvement Lorraine, il est chargé de rechercher des terrains de parachutage. Il transporte des armes, des tracts, des postes émetteurs, convoie des aviateurs alliés. Plus tard, il dirige des sabotages comme la destruction du câble téléphonique souterrain Paris-Strasbourg ou la ligne de chemin de fer Nancy-Château-Salins, le cambriolage d’un magasin de la milice et réquisitionne des camions. Les maquisards s’installent dans la forêt de Ranzey et y construisent des huttes. En août 44, 200 jeunes seront rassemblés mais seulement 140 sont armés. Des actions se déroulent à Moncel, Athienville, Sornéville où 8 maquisards sont tués. A Moncel et Athienville, les allemands prennent des otages. Certains seront échangés contre des prisonniers détenus au Maquis. Des maisons sont incendiées à Athienville. Attaqué par les allemands, le groupe de maquisards doit se déplacer dans la forêt. Le 17 septembre 1944, les Américains entrent à Sornéville. Le 25 septembre, le Général de Gaulle est à Nancy. Le 27 septembre, c’est la fin du Maquis de Ranzey. Son drapeau est remis au colonel Grandval et devient l’étendard du 3e bataillon de marche où seront incorporés les maquisards volontaires. Le drapeau sera trempé dans le Rhin. C’est en évoquant la liberté retrouvée et l’Europe qui a garanti la paix depuis 65 ans que Fernand Nédélec a conclu son exposé. La liste de ceux qui n’eurent pas la chance de vieillir et de ceux qui furent mis à l’honneur a été lue dans un silence religieux. Montrant que beaucoup de blessures n’étaient pas encore refermées, le public est intervenu. « L’opération de Sornéville était-elle justifiée ?» a-t-on entendu. Le maire de Sornéville Yvon Vincent dont la mère assista aux événements a rappelé l’engagement des habitants de sa commune pour approvisionner les maquisards. « C’était une forme de résistance », a souligné Jean Marie Cuny, l’un des animateurs du Cercle avec Jean Claude L’Huillier qui a estimé que Sornéville et Athienville sont des villages martyrs. Denis Lapointe, maire d’Agincourt et vice-président de la CCGC a évoqué l’engagement de son père maquisard lui aussi. « C’était aux Français d’agir et de se libérer sans attendre les Américains, ont affirmé avec force plusieurs participants. Une belle manifestation qui a touché le cœur des participants et dont le foyer rural a lieu d’être fier.